J’étais tranquillement en train de me raser sous la douche, après quelques semaines de vie sauvage de mes gambettes, quand je me suis demandée pour qui je le faisais.
Pour moi ? Pour la société ? Peut-on encore se raser aujourd’hui, et être féministe ? Pourquoi je ressens de la culpabilité ?
Les publications qui traitent des injonctions de la société , à se raser, à être mince, à être parfaite sont nombreuses. Libérons nos poils, libérons-nous du maquillage, de ce qu’attend de nous la société. Ça aussi, ça sonne comme une injonction, non ?
Est-ce que se maquiller, s’apprêter, se raser est has been? Mal vu ? Est-ce que ça fait de moi un mouton obéissant aux injonctions ?
Comme s’il y avait un désir, au fond, d’appliquer une règle, un code, de s’identifier à un groupe d’appartenance. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé, c’est comme ça que fonctionne la société. Et c’est normal, d’avoir envie de s’appuyer sur une espèce de trame pour éviter de se demander toutes les 5 minutes qui on est, ce qu’on est, vers qui on a envie de se tourner. Au delà de normal, j’aurais envie de dire que c’est « ok », mais cette expression me sort par les yeux et en plus j’entends les visiteurs me dire que c’est okkkkkkkkkkkayyyyyy. Donc ne prends pas mal le mot normal, c’est plutôt dans l’idée de « la moyenne ». Mais si je dis « c’est moyen », tu vas encore mal le prendre.
Bref, revenons à nos moutons de poils. Et surtout aux injonctions. C’est drôle, quand on cherche la définition d’injonction, on peut trouver ça : « Ordre donné par le juge ». Tu me diras que ça, c’est la définition pour le domaine du Droit.
Mais ce qui est drôle, c’est que ça me fait penser au juge censeur, le surmoi. Celui, justement, qui te censure, te juge, par rapport à ce que tu as intériorisé comme autorisation d’être toi-même. Vis à vis de ton éducation, des attentes familiales (passées ou toujours actuelles), de l’idéal que tu cherches à atteindre pour toi même et…. des attentes de la société.
Donc, une injonction, c’est ce qui te pousse à avoir telle ou telle attitude, à te censurer ici, et pas là, à agir d’une manière et pas d’une autre. Pour te soumettre à un idéal, pour être accepté.e dans un groupe, pour être bien vu.e par ceux dont tu cherches l’approbation.
Donc, quelle injonction choisir ? Celle d’être stimulé.e par un idéal de beauté, où la peau est satinée, le teint frais, le corps qui sent bon ? #teamselfcare
Ou celle d’être libre d’être poilu.e , no make up, no bra, team #naturellefeministe ?
Bien sûr, il y a le juste milieu, celui de faire ce qui fait plaisir à soi, ce avec lequel on se sent plus à l’aise. C’est d’ailleurs un peu l’idéal de chacun, celui du libre arbitre et du pouvoir personnel.
N’empêche que. A force de lire ce qui est politiquement correct (en fonction de la politique que tu adoptes, donc dans notre cas, celle du no rasoir ou celle de la peau satinée), ben tu peux arriver à ressentir une certaines pression à te comporter d’une façon qui ne froisse pas tes valeurs de naturel, de sonorité et de (insère une valeur ou un hashtag ici)
J’observe un double mouvement chez les 15-35 ans, à ce sujet, où les deux pôles sont celui du 100% naturel, bye make up et rasoirs, et celui de la médecine esthétique, des tiroirs de la salle de bain remplis de soin pour la peau #thatgirl, et des tutos make up.
Où est-ce que je me situe, dans tout ça ? Plutôt du côté naturel, mais pour être honnête, plus par flemme que par conviction. Et quand je décide de prendre du temps pour moi, m’apporter des soins, me raser, m’épiler et me maquiller me font un bien fou.
Peut-être que je suis influencée et que ça me fait du bien parce qu’on m’a dit que ça faisait du bien. Mais la finalité, c’est que je le fais quand j’en ai envie et que oui, ça me fait du bien.
Je crois que le piège est de tomber dans l’injonction, que ce soit d’un côté ou de l’autre, lorsqu’on se fait avoir par ce fameux juge censeur.
Alors, moins de juge, moins de censure, plus d’écoute de soi, pour savoir ce qui te ferait réellement du bien, là, maintenant, même si ça ne rentre pas dans les valeurs au groupe dans lequel tu t’identifies, parce que, justement, où que tu sois, ton libre arbitre est celui qui te rend libre.
Et si tu n’adhères pas avec ce que je viens de dire, sens-toi libre, tu l’es, pas d’injonction à quoi que ce soit !